Une fois n’est pas coutume, nous allons ici nous adresser aux amateurs de camions anciens et aux multiples passionnés encore propriétaires de Berliet, Unic, Bernard, Saviem… Les collectionneurs avertis sont plus nombreux qu’on ne l’imagine dans l’univers du transport, qui revendiquent la bonne habitude de se réunir, souvent aux beaux jours et dans des lieux champêtres, pour exposer leurs matériels restaurés ou dans « leur jus ». Cette communauté, bon enfant et chaleureuse par nature, est en colère. En ligne de mire : le nouveau calcul de taxe à l’essieu (TSVR) pour les véhicules lourds de collection. Jusqu’au 1er juillet, la taxe était « journalière », due à chaque sortie sur route. Elle ne représentait que quelques euros par jour.
Selon la fédération française des véhicules d’époque, elle était acceptable sans être vraiment justifiée (les poids lourds avec carte grise pour véhicules de collection n’ont pas le droit de charger). Autant dire qu’ils n’atteignent jamais le PTRA susceptible d’abîmer les routes et bitumes en France. Or, depuis le 1er juillet 2016, le mode de perception de la taxe à l’essieu est passé à un rythme semestriel avec un montant plancher sans commune mesure avec le régime hier en place. Pour certains véhicules d’époque, qui ne « prennent l’air » que quelques jours dans l’année, la TSVR peut atteindre 1 200 euros par an. Le courroux du petit monde du véhicule ancien (pour ne pas dire antique !) est d’autant plus grand que les collectionneurs possèdent généralement quelques véhicules aptes à rouler. La valeur réelle de la plupart de ces camions d’antan est inférieure à 10 000 euros. L’entretien, la restauration, le stockage et l’assurance sont à la charge du collectionneur qui participe, à sa façon, à la sauvegarde du patrimoine. Fallait-il le lui faire payer ? Si la taxe est maintenue dans la loi de Finances 2017, il y a un risque à voir tous ces vieux camions rester au garage ou vendus aux enchères. Ce qui fera le bonheur de collectionneurs étrangers non concernés par nos tracasseries, regrette la FFVE. C’est peu dire que les services des Douanes et droits indirects, ici à la manœuvre, ne se sont pas fait que des amis. On connaît leur belle aptitude à aller pister l’argent jusque dans les univers associatifs. À l’heure où le gouvernement prépare une liste de « cadeaux fiscaux » pour 2017, d’autres sont promis à en faire les frais !