Le week-end dernier, avec économie de mots, le gouvernement a rendu une nouvelle copie de l’écotaxe rebaptisée « péage de transit ». Seule nouveauté de la taxe kilométrique (de 13 centimes en moyenne pour les véhicules de + 3,5 tonnes) attendue en janvier 2015 : le réseau a été ramené à 3 800 km de routes nationales et 200 km de dessertes locales (dont le périphérique parisien). Il n’a fallu que quelques heures pour assister à une levée de boucliers unanime, allant de FNTR, TLF et Unostra (« la décision de maintenir l’écotaxe est un choc et une épreuve supplémentaire pour les entreprises de transport routier. Elles ne pourront y faire face seules ») à l’OTRE (« Il n’est pas question que les transporteurs routiers français soient obligés de s’acquitter d’une taxe dont les recettes serviront quasi uniquement à rémunérer la société Écomouv’ »), en passant par les déménageurs de la CSD (« Il est inadmissible que l’on puisse envisager de ponctionner encore un secteur qui est au bord du gouffre… »), les élus du GART (qui regrette que « le gouvernement n’ait pas complètement retenu les propositions des députés et des sénateurs qui avaient suggéré une écoredevance d’application plus large »), le syndicat Transports Fluviaux de France (qui milite pour une « véritable politique de report modal » financée par la route) et la fédération nationale du bois (demandant une exonération pour le transport de bois rond). Or l’impression générale, laissée par le dernier acte, donne à penser que c’est moins la politique des transports en France qui commande les choix du gouvernement que le contrat avec Ecomouv’. Les risques de contentieux avec la filiale du groupe italien Atlantia (coté en bourse à Milan), voilà la grosse angoisse ! L’État n’est pas en position de force face à Ecoumouv’, ficelé par un partenariat public privé, paraphé fin 2011, et qu’une récente commission d’enquête au Sénat a jugé complexe mais valable. Selon des chiffres divulgués par Reuters et l’AFP, 100 à 200 ME seraient versés au consortium en 2014 et 230 M€ par an, à partir de 2015, au titre du recouvrement de péages des poids lourds. Le gouvernement cherche à limiter les frais et la gabegie. Au plan financier et au nom de la parole de l’État, il ne peut faire moins. Mais au plan de la compréhension de la taxe et de son acceptabilité, l’argument apparaît bien faible.
Éditorial