Vous tirez la sonnette d’alarme sur le cotransportage. Pourquoi parler d’urgence ?
Parce qu’on assiste à un détournement complet de l’esprit de la loi LOM. Ce texte devait permettre à des particuliers de livrer ponctuellement leurs voisins, dans une logique solidaire. Or, des plateformes ont industrialisé le système au profit de la grande distribution. Elles s’appuient sur des milliers de particuliers pour effectuer des livraisons à très bas coût, sans cadre social ni fiscal. Certains multiplient les faux comptes pour accumuler les tournées, d’autres profitent d’arrêt maladie… Selon nos estimations, ce sont plusieurs centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires qui échappent aux transporteurs professionnels. Ce modèle mine notre économie et prive l’État de cotisations. Le décret qui devait encadrer le cotransportage n’a toujours pas été publié : il y a urgence à agir.
Quelles mesures concrètes demandez-vous au gouvernement ?
Nous demandons trois mesures simples. D’abord, interdire toute contractualisation entre un particulier et une entreprise commerciale : les plateformes doivent se limiter à la mise en relation entre particuliers. Ensuite, bannir les tournées de cotransportage, car elles relèvent clairement d’une activité professionnelle déguisée. Enfin, abaisser à 1 000 € par an le plafond d’indemnisation d’un cotransporteur. Ces règles garantiraient des conditions de concurrence équitables : notre objectif n’est pas de bloquer l’économie collaborative, mais d’empêcher qu’elle serve de prétexte à contourner le droit du transport en hyper-ubérisant la livraison.
Luc Chatel a récemment estimé que le 100 % électrique pour 2035 était inatteignable. Partagez-vous ce constat ?
Le SNTL a toujours dit que le 100% électrique en 2035 pour les VUL ne pourrait être atteint. La décarbonation, doit reposer durant la transition, sur un mix énergétique incluant notamment l’hybride. Depuis 2025, les entreprises aux flottes de plus de 100 VL et VUL, si elles n’atteignent pas des quotas d’acquisition de véhicules électriques sont sanctionnées, sur une trajectoire irréaliste. Le président de la PFA juge lui-même la trajectoire intenable et non-tenue : il faut donc en tirer les conséquences. Les députés doivent dès le budget 2026 actuellement discuté, revoir les trajectoires qui fixent les sanctions pour « non-verdissement » des flottes, pour qu’elles collent à une trajectoire réalisable par les entreprises.