XPO Logistics France a lancé cette année le recrutement de nouveaux franchisés. L’objectif, d’ici fin 2025, est d’attirer dix transporteurs à s’inscrire dans ce réseau créé en 2005 pour, explique le groupe, « garantir une qualité de service homogène, une fidélisation renforcée et une plus grande agilité face aux fluctuations de marché ». Ce réseau est « l’un des rares du secteur à être structuré de manière formelle et durable, distinct de la sous-traitance ou de l’affrètement classique », assurent-on auprès de Justine Pelissier, sa responsable. Il compte actuellement une quarantaine de membres, mais cet effectif varie.
Le système de franchise proposé repose sur un contrat de cinq ans. Les transporteurs franchisés s’engagent, sur cette durée, à réaliser au moins 60 % de leur chiffre d’affaires avec XPO Logistics et à utiliser des véhicules sous la charte graphique du groupe. Ils restent cependant indépendants juridiquement, conservant une part d’activité propre, assurant eux-mêmes la gestion administrative, sociale et financière de leur entreprise, et acceptant, signale le groupe, « la prise de risques inhérente à tout statut d’entrepreneur indépendant ».
En contrepartie, « XPO Logistics France nous garantit un volume de travail », témoigne Christophe Estanez, franchisé depuis la création de sa société - TDHL (Plougoulm, Finistère) - en 2015. « Ce n’est pas chiffré et ce n’est pas une garantie de chiffre d’affaires, poursuit-il, mais le groupe a assez de volumes pour nous faire travailler ». Avec son unique camion-remorque floqué aux trois lettres rouge, ce patron-conducteur réalise 80% de son chiffre d’affaires dans ce cadre. Si les tarifs ne sont pas négociables, son contrat de franchisé prévoit un paiement garanti à 30 jours et une indexation carburant. « C’est rassurant de savoir qu’on va être payé en temps et en heure, commente-t-il. J’utilise aussi les bourses de fret et, là, il arrive qu’on pleure après son argent ! ».
Accès à « une puissance d’achat »
Christophe Estanez reste par ailleurs maître de son exploitation : « J’indique aux exploitants XPO que je charge chez un de mes clients en Bretagne pour aller à Montargis, par exemple, cite-t-il, et ils peuvent me proposer du fret vers Paris. Je suis libre de l’accepter ou non ». Par choix personnel, le transporteur refuse aussi de travailler la nuit ou encore privilégie les trajets vers Bayonne, qui lui plaisent plus que d’autres. Il décide aussi seul de la date de ses congés
Autre avantage à la franchise, argumente-t-on chez XPO Logistics : « L’accès à des services mutualisés (carte carburant, réseau d’ateliers, contrats pneus, etc) » et « la possibilité de s’appuyer sur la puissance d’achat et la force commerciale d’un grand groupe ». « Nous accompagnons notre scope 3 de sous-traitants, qui ont souvent du mal à accéder aux financements pour investir dans les nouvelles énergies, explique Bruno Kloeckner, directeur France du groupe. Nous relançons notre réseau de franchisés aussi parce que les sous-traitants représentent 60% de nos émissions. Nous voulons leur permettre d’accéder à notre pouvoir de négociation ».
Christophe Estanez n’en est pas encore aux nouvelles énergies, mais en 2015, pour l’acquisition de son premier véhicule - une occasion -, il avait pu être orienté vers un garage partenaire de XPO Logistics. En revanche, lorsqu’il a eu la capacité de le remplacer par un neuf, il a négocié lui-même avec le constructeur de son choix. « Avant, on pouvait bénéficier des tarifs d’achat de XPO, mais maintenant, ils ne nous proposent que les véhicules-types de leurs conducteurs, en occasion, explique-t-il. Or moi, je voulais être mieux équipé ». Il apprécie cependant de pouvoir se fournir en carburant dans les agences XPO Logistics lorsqu’il le peut, aux tarifs négociés par le groupe avec les pétroliers, ou encore de bénéficier de cartes de carburant et d’autoroute. « On est payé du transport avant que le gasoil ne soit débité », se félicite-t-il. Pour la gestion des pneus, en revanche, il préfère son artisan de proximité.
Ce réseau de sous-traitants particuliers est fédéré au sein d’une Centrale des franchisés, réunie chaque trimestre en « conseil de surveillance ». « Nous sommes tous des chauffeurs indépendants, commente Christophe Estanez. On fait tous le même métier, ce qui fait qu’on peut partager nos expériences, se prévenir de difficultés chez tel ou tel client, en plus de faire remonter les problèmes éventuels à XPO ». Pour lui, du sang neuf dans le réseau serait bienvenue, « parce que la moyenne d’âge est assez élevée et certains arrêtent ».