Quelle mouche a donc piqué Le Parisien-Aujourd'hui ? Sous le couvert d'une étude récemment mise en ligne par l'Observatoire national de la sécurité routière pour 2001 - dont les principaux résultats étaient déjà disponibles l'été dernier - et d'une enquête médicale à paraître, le quotidien a livré le 20 février une vision fort partiale et partielle de la profession. Oubliant de porter à la connaissance de ses lecteurs une série de données fournies, elles aussi, par lesdits travaux. Des éléments pourtant tout aussi éloquents que ceux jetés en pâture à un lectorat avide d'émotions fortes. Evacuée la baisse de 3 %, enregistrée sur les cinq dernières années, du nombre d'accidents mortels et celle de 4,8 % de celui des tués dans des sinistres impliquant un poids lourd. Eludée celle de 35 % constatée depuis 1990 malgré une progression de 27 % des kilomètres parcourus. Passée sous silence la bien moindre imprégnation alcoolique des chauffeurs routiers par rapport à l'automobiliste lambda. Escamotés les 60 % de véhicules de tourisme qui s'autorisent régulièrement à dépasser les vitesses autorisées. Facile dès lors de dresser un bilan accablant que ne contredisent ni la poignée de routiers anonymes dont Philippe « occupé à boire une bière dans une brasserie de Garonor », ni les syndicalistes et médecin du travail, seuls conviés à apporter leurs commentaires. Aucun chef d'entreprise de transport n'a eu voix au chapitre au sein de ce réquisitoire dont la publication - coïncidence ? - n'a précédé de quelques jours la présentation en conseil des ministres du projet de loi contre la violence routière. Les coupables semblent tout désignés.
Editorial