Invasion des ensembles routiers à l'Ouest et délocalisation des usines à l'Est couvrent-elles des phénomènes inéluctables ? A l'heure de l'élargissement européen, officiel depuis le 1er mai, beaucoup de questions restent en suspens, curieux mélanges d'espoirs et de défiances. Sentiments contradictoires que ne manqueront pas d'attiser les prochaines élections européennes, en juin. Pourtant avec l'entrée des dix pays dans l'Union et des 75 millions de nouveaux citoyens qu'on peut voir comme autant de consommateurs (dans le cadre d'un grand marché intérieur), nous pouvons aussi nous appuyer sur quelques certitudes. Les atouts des dix Peco sont incontestables : un taux de croissance solide (3,6 % en 2003), le niveau de consommation élevé des ménages dynamisé par l'essor des crédits et les hausses de salaires et, bien sûr, des coûts de main d'oeuvre -moins élevés que dans l'ex-Europe des Quinze- qui stimulent les investissements. Dans la colonne passif, les 10 « NEM » (Nouveaux États Membres) souffrent de handicaps sérieux : un taux de chômage haut (15 % en moyenne et... 19,2 % en Pologne), des déficits publics élevés (5,7 % du PIB, en moyenne chez les Dix, en 2003), des infrastructures obsolètes dans beaucoup de pays, une démographie en berne qui laisse entrevoir le vieillissement des peuples (la population active reculera entre 18 et 33% dans les plus grands pays de la zone Est). Sont-ce de bonnes raisons pour opposer les deux zones ? Les plus optimistes annoncent que les deux « blocs » se fonderont plus vite que prévu. Malgré cette bonne parole, la paix de l'Union passera par une harmonisation fiscale et sociale qui devra aller au delà du plus petit dénominateur commun. Dans le transport routier, le problème est bien connu. Trop bien connu même alors que sont pointés du doigt des distorsions de concurrence avec nos plus proches voisins. C'est dire l'ampleur de la tâche à 25.
Editorial