Le litre de gazole à la pompe a progressé de 11% depuis le 1er janvier 2004. Même avec l'avantage d'un euro fort et d'une monnaie américaine en repli, le baril de brut à ces hauteurs de prix ne laisse rien présager de bon. Pour l'économie en général et... pour le transport routier en particulier. Chacun sait que le carburant représente le 2e poste de coût (après la masse salariale) et que la marge d'exploitation de la majorité des entreprises de transport est aléatoire. La perspective d'une envolée durable des cours fait froid dans le dos, comme l'attestent les réactions immédiates et alarmistes des organisations professionnelles. Le CNR estime que l'augmentation de 11% du prix hors taxe du gazole « se traduit mécaniquement par une hausse de plus de 2,3% du coût de revient ». Dans ce contexte, il n'y a pas d'autre alternative que de rappeler aux clients et chargeurs ce que coûte un litre de gazole en folie, et de le signifier sur les factures. Les pouvoirs publics ont aussi intérêt à comprendre le risque. L'Etat possède un levier, les taxes (qui représentent près de 80% du prix TTC), qu'il peut réguler. Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat au Budget et à la Réforme budgétaire, a fait savoir ces dernières heures que le gouvernement n'avait pas de marge de manoeuvre. Après être passé par le secrétariat d'Etat aux Transports, ce dernier se souviendra-t-il de la fragilité du pavillon français et de sa pleine exposition à la hausse du gazole ? Aura-t-il une oreille plus attentive ? Si les cours du baril de pétrole devaient perdurer à ces hauteurs, la pression sur les pouvoirs publics serait alors proportionnelle aux dommages constatés et parfois irréversibles pour les entreprises.
Editorial