Juillet et août n'ont fait que confirmer la nette tendance inflationniste. En clair, le baril de brut à 20 dollars (c'était encore le cas en 2003), c'est fini. Trop de facteurs concourent à maintenir les cours de l'or noir, à Londres comme à New York, à des hauteurs élevées : croissance record dans les pays émergents avec en pole, la Chine; capacités de production à la limite de la saturation; niveaux des stocks dans le monde proches du plus bas; rôle déclinant de l'OPEP... et atmosphère fin de règne en Arabie Saoudite. Dans ce contexte de gazole cher (0,91 euro TTC à la pompe et 0,88 euro à la citerne cette dernière semaine), les deux « amortisseurs », la parité euro/dollar favorable à l'Europe et la fiscalité sur les produits pétroliers, sont-ils si efficaces au point de faire passer la pilule ? Que nenni. Concernant le deuxième levier lié à la TIPP, la marge de manoeuvre existe et la profession, du plus petit artisan au premier groupe de France, réclame un geste (prolongation du dispositif de la ristourne, avance du remboursement de TIPP, allégement fiscal...). La décision tant attendue des pouvoirs publics sur le maintien du gazole professionnel (pour les véhicules de +7,5 t) au delà du 1er janvier 2005 n'en est que plus urgente. On sait le gouvernement, à commencer par Nicolas Sarkosy, le ministre de l'Économie, très attentif à protéger la « cagnotte fiscale » (évaluée à 5 Md€) produite par le retour de la croissance. Mais on le dit aussi soucieux de sa popularité et du niveau de l'emploi en France. Plus vite sera connu le coup de pouce, mieux les entreprises pourront entrevoir d'autres perspectives et dessiner leur tableau de marche. Dans le cas d'un refus de proroger le dispositif du gazole professionnel en France, son prix augmenterait de 5 % selon le calcul des organisations professionnelles. Serait-ce bien raisonnable ?
Editorial
