Le ressentiment, que le dernier congrès de la FNTR à Paris, les 26 et 27 octobre, a laissé transparaître dans les conversations ou les silences, débouche aujourd'hui sur la mise en accusation de trois « responsables ». Le premier bouc émissaire est l'État, tout-puissant ou pusillanime selon les jours. Le gouvernement actuel est pris dans l'étau, entre sa volonté de relancer la consommation à base de petits prix et celle de « tenir » son budget et de réduire les déficits publics. Par ricochet, les leviers politiques à disposition de Gilles de Robien ont leurs limites que le plan de sauvegarde n'a pas cachées. La seconde « tête de turc » devient le client. Selon les secteurs d'activité, la pression sur les tarifs, la volonté de privilégier systématiquement le moins-disant, le rapport de force ont pollué la relation commerciale. Qui est focalisée sur le seul prix au détriment du niveau de la prestation et des compétences en jeu. Le troisième responsable est le concurrent. Celui qui accepte de baisser les prix. Qui tire le marché vers le bas ou qui, quand il répond à d'autres règles fiscales et réglementaires, conquiert un marché par défaut d'harmonisation. Pour toutes ces raisons accentuées par l'envolée du prix du carburant, le trouble est visible dans la profession. Cette règle de trois boucs émissaires, à géométrie variable dans l'échelle des responsabilités, ne saurait pourtant dédouaner chaque entreprise de transport du devoir de trouver des solutions en propre. Qui peuvent consister à faire le tri dans le compte clients, à limiter le périmètre d'activité, à se diversifier ou à imposer des « contrats écrits » régissant la relation d'affaires et protégeant contre les sautes d'humeur du chargeur ou... les embardées du prix du gazole.
Editorial