Je n'ai pas pour habitude d'être un donneur de leçons, mais plutôt d'écouter et d'apprendre des autres. Aussi, puisqu'il m'est donné l'occasion d'écrire l'éditorial, en tant que Transporteur de l'Année 2004, je voudrais vous apporter mon témoignage et ma réflexion sur un sujet d'actualité : « les prix de marché ». Devons-nous tout accepter ?
Le prix, que je sache, c'est encore nous, transporteurs, qui sommes censés le déterminer. Par contre, ce sont bien nos clients qui font le marché, voire « leur marché », en ces temps troubles où les tarifs sont malmenés, sous couvert d'une concurrence accrue et d'une offre indécise. La prestation de service reste un produit mal valorisé puisque la tendance se limite souvent à comparer le tarif proposé à celui d'autres confrères, sans tenir compte de tout ce qui fait le savoir-faire d'une entreprise. De là, à établir un prix de marché, qui a rapidement valeur de référence, il n'y a qu'un pas... C'est à ce moment-là que nous devrions faire preuve de plus de maturité, car si nous savons « manager » nos hommes (et à mes yeux, nous faisons là le plus difficile), nous avons encore beaucoup de mal à nous vendre. Tous les progrès techniques de ces dernières années : cadeaux ! Tous nos réseaux d'informations, nos logiciels métiers, la mise en place de liaisons EDI, le développement de la traçabilité... : toujours cadeaux ! La mission de nos chauffeurs n'est plus seulement de conduire. Elle s'est élargie à d'autres tâches. Quant au carburant et à la surtaxe énergie, il y a un véritable décalage entre le coût réel et l'application sur le terrain. Que devient notre marge ? Personne n'en parle. Cela doit être un sujet tabou ! Devant un tel constat, il est grand temps de réagir, de nous faire respecter, de mieux maîtriser nos coûts de revient, et surtout de bien vendre notre travail et celui de nos équipes. Nous sommes des passionnés, besogneux ; nous méritons plus de reconnaissance. Alors, pour toutes ces raisons, et pour notre engagement quotidien à défendre une certaine image de marque, élevons le débat, et regardons vers le haut, cela évitera peut-être de trop tirer le marché vers le bas...