La progression des immatriculations en janvier (en hausse de 9,4 % par rapport à janvier 2003) est sans appel. Elle confirme la bonne santé retrouvée en 2004 (47188 unités, soit +3,8 %) et préfigure un marché 2005 donné à 49 500 véhicules de plus de 5 t (selon l'Observatoire du Véhicule Industriel). Le tout alimente le paradoxe quand ces données sont confrontées aux réalités, chiffrées et ambiantes, du transport routier en France. Les méfaits de la hausse du prix du gazole, la pause dans les recrutements de personnels (notamment ceux de la conduite), la réforme attendue de la taxe professionnelle, la pression des chargeurs sur les prix, la volonté d'ajuster et de « dimensionner » en permanence l'outil de production aux besoins de transport, la crue des défaillances d'entreprises... sont autant de facteurs qui poussent à l'attentisme ou indiquent la retenue. Or le niveau actuel des investissements en matériels roulants prouve plutôt le contraire. Il est facile de voir dans la vigueur du marché VI le naturel renouvellement des parcs, après trois années fastes (1999, 2000 et 2001) et la décrue (2002 et 2003). La volonté permanente des entreprises de rajeunir leur flotte, pour des raisons d'exploitation (fiabilité du matériel), financière (lors de sa revente) et sociale (les conducteurs apprécient le neuf) se justifie également. Une question toutefois : dans quelle mesure la hausse des « immat » résulte-t-elle d'un phénomène d'anticipation lié à la prochaine mise place des chronotachygraphes numériques ? Si la proportion est grande, le marché risque de connaître un « pic » avant août, amplifié dans les prochains mois par l'application de la norme antipollution euro 4 (octobre 2006). Cela voudra dire que les entreprises de transport, au gré des informations glanées, voient dans ces nouveaux dispositifs la promesse de surcoûts. Auraient-elles tort ? Nous pensons que non.
Editorial
