Le prix de la course est souvent logique, parfois salé (selon l'itinéraire plus ou moins « touristique » emprunté) et... toujours indiscutable. « Je suis le client, je paie sur la foi du compteur et je n'ai rien à dire... On rêve de pouvoir faire de même avec nos chargeurs », reconnaît-il. La remarque laisse percer le souhait, contagieux dans le monde du transport, d'un d'aggiornamento sur les prix. Les « négociations tarifaires » deviennent pour beaucoup de transporteurs (mais dans quelle proportion ?) une expression vide de sens. Le contexte n'y est pas pour rien. Marché et consommation atones, volumes globaux transportés en recul dans quelques secteurs, usage des enchères inversées, concurrence dans une profession toujours présentée comme surcapacitaire... aboutissent à une déflation et à l'acceptation du principe des remises. Mais, en plus du contexte et d'une politique monétaire arc-boutée sur la maîtrise de l'inflation (les discours de la Banque Centrale Européenne sont à ce propos sans ambiguïté), les moeurs des clients y sont pour beaucoup. « On vend des prix car nous avons de plus en plus, devant nous, des acheteurs de prix. Ces personnes restent rarement longtemps en place et sont rétribués, en grande partie, sur les économies réalisées sur le transport. Voilà ce à quoi nous devons nous adapter », souligne le même dirigeant. A défaut de compteur qui « présente un tarif indiscutable », les entreprises de transport n'auront d'autre choix que d'utiliser un autre « boîtier », le prochain chronotachygraphe numérique, pour affiner leur gestion. S'il n'est pas conçu pour « sortir un prix », il doit aider, paraît-il, à mieux contrôler les coûts d'exploitation d'une activité de transport qui, sous la pression, risque d'être de moins en moins de services et de plus en plus industrielle.
Editorial