Et son actualité ne se dément pas. Laminée dès les années soixante par les pavillons de complaisance, la flotte nationale s'est réduite de 500 navires en 1975 à 210 début 2003. Dans le même temps, les effectifs sont tombés de près de 27 000 à moins de 10 000. Dont quelque 2 000 marins étrangers, Philippins, Roumains et Ukrainiens en tête. Les pouvoirs publics ont bien tenté, en 1996, de prendre des mesures, mais les textes d'application n'ont pas suivi... Aujourd'hui, le gouvernement juge urgent de « repavillonner français » grâce à la mise en place d'un nouveau registre pour l'immatriculation des navires sous pavillon national. Un « RIF » qui prévoit certes des exonérations fiscales mais aussi de plafonner, au nom de la compétitivité, le pourcentage de navigants hexagonaux.
Les transporteurs devront-ils en arriver à de telles extrémités avant que l'Etat ne se décide à agir ? Et à sauver toute une frange d'entreprises qui sont sur le point de couler. Publié par la FNTR, le « Livre noir du transport routier de marchandises » vient rappeler encore la sombre réalité : depuis 1992, la part du pavillon français dans les trafics internationaux effectués sur le territoire national s'est réduite de 14 %. La marge nette des sociétés n'a pas atteint un point en 2003. Quant aux recrutements de conducteurs, ils ont régressé pour la première fois l'an dernier. Des salariés remplacés, eux, par des chauffeurs polonais ou lituaniens ?