Pour les constructeurs et les transporteurs, la marche vers le zéro émission se heurte à une réglementation obsolète. La directive européenne sur les poids et dimensions, qui n’a pas été adaptée aux réalités des camions électriques et hydrogène, constitue aujourd’hui un obstacle majeur, fustigent dans un front commun l’ACEA (association européenne des constructeurs automobiles), le Bureau commun du transport routier (FNTR, BGL,NLA) et l’organisation néerlandaise TLN. Dans une lettre ouverte, ces instances exhortent les gouvernements à conclure sans délai la révision du texte. Le soutien de la présidence danoise du Conseil de l’UE donne une fenêtre d’action, mais l’urgence est telle que les professionnels craignent une perte de compétitivité face à d’autres régions du monde plus réactives. Trois défis structurels s’ajoutent au retard législatif : la faible part de véhicules zéro émission dans les flottes, l’insuffisance criante d’infrastructures de recharge et d’avitaillement, et un coût total de possession encore supérieur aux camions diesel. L’absence de règles adaptées sur le poids et les charges par essieu accentue le handicap : les batteries alourdissent les véhicules, réduisant la capacité de chargement et donc l’efficacité opérationnelle.
EMS et 44t transfrontalier
Les organisations réclament deux avancées immédiates, avec un relevage des limites de poids et de charges par essieu (pour tenir compte de la masse supplémentaire des véhicules électriques et hydrogène) ainsi que des mesures supplémentaires visant à améliorer l'efficacité et à soutenir la décarbonation du transport routier : opérations transfrontalières de véhicules type EMS (Système modulaire européen ou écocombi), utilisation de véhicules de 44 tonnes pour le transport transfrontalier entre les États membres les autorisant déjà pour leur transport domestique. Enfin, l'utilisation de semi-remorques plus longues permettrait des économies « immédiates de CO2 allant jusqu'à 10 % ».