Aujourd’hui, les radars automatiques ciblent surtout deux comportements des poids lourds : la vitesse excessive et le non-respect des interdictions de dépassement, très surveillés sur les grands axes routiers. Dans certaines zones, les radars sont aussi utilisés pour contrôler les franchissements de feux rouges ou vérifier la présence dans des voies interdites aux camions. Mais jusqu’à présent, leur portée restait limitée et essentiellement axée sur des paramètres mesurables par les 4000 radar classiques présents en France.
Un appel d'offres
Demain, avec l’IA, les dispositifs pourront aller beaucoup plus loin. Outre la vitesse, ils analyseront en temps réel l’intérieur des cabines, ou des voitures, pour sanctionner un téléphone tenu en main et le non-port de la ceinture de sécurité, tout comme le non-respect des distances de sécurité, les dépassements interdits ou encore l’usage illégal de voies réservées (bus, vélos). Selon L’Argus, la France a lancé un appel d’offres public pour équiper ses dispositifs de contrôle automatisé de caméras vidéo couplées à de l’analyse IA et à des capteurs lidar 3D. En effet, la branche « radars » de la Sécurité routière prépare son plan quinquennal pour les équipements automatiques de verbalisation via un triple appel d’offres, ouvert jusqu’à fin octobre. L’objectif est de moderniser le contrôle automatisé en définissant de nouveaux dispositifs, en expérimentant et en suivant leur évolution, et en intégrant des technologies innovantes. Le parc de radars tourelles passera ainsi de quelques centaines aujourd’hui à environ 1 700 d’ici 2028, dans le cadre du programme « radars 2026–2030 ».
Une surveillance qui inquiète
Cette surveillance accrue suscite des critiques. Les associations d’automobilistes, comme 40 millions d’automobilistes ou la Ligue des Conducteurs, dénoncent une dépendance excessive à la technologie au détriment de la présence humaine des forces de l’ordre. Elles rappellent que certains comportements dangereux — alcool, stupéfiants — ne peuvent être détectés par l’IA. Autre sujet sensible : la vie privée. Puisque les caméras devront parfois « voir » à l’intérieur des cabines pour vérifier ceinture et téléphone, la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) pourrait être saisie afin de poser des garde-fous. Des recours juridiques sont déjà anticipés.